La sexualité
Amour et sexualité
Dès lors qu’on ne sépare pas amour et sexualité, s’ouvrent différentes possibilités qui sont justes dans l’Esprit :
– la sexualité vécue dans un amour a priori inconditionnel et le don de soi ;
– un Tantra de la sexualité où la sexualité est vue comme « sacrée » ; ...
Homosexualité
Pour les personnes ayant une orientation homosexuelle, beaucoup est à inventer dans le domaine de l’amour et du don de soi.
La grandeur de l’être humain, c’est de pouvoir engager sa liberté par rapport à des contraintes qu’il vit ou expérimente.
Grandir dans sa vie d’homme suppose d’assumer les responsabilités personnelles et, souvent, de ce fait, une dose de souffrance. Grandir passe certainement par :
– un épanouissement de tout l’être ;
– la maîtrise de soi qui favorise l’exercice de la liberté ;
– le déploiement de la capacité d’aimer.
Dans ce cadre, la personne homosexuelle peut se poser deux questions sans doute fondamentales :
« que peut-elle faire de sa réalité ? » ;
« comment à l’intérieur de cette réalité, ouvrir un chemin d’humanisation ? ».
Amour et don de soi (contexte chrétien)
QU’EST-CE-QUE L’ACTE DE SE DONNER SOI-MÊME (POUR L’ETRE HUMAIN) ?
Dans un passage de la Constitution « Gaudium et Spes » de Vatican II, il est écrit : « L’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne se trouve pleinement que dans le don désintéressé de lui-même. ».
Le don de soi dit plus que le don. Il signifie non pas donner ce que l’on a, mais donner ce que l’on est.
Dans « Mulieris Dignitatem », Jean-Paul II confirme donc cette interprétation de l’accomplissement de l’homme dans le don de soi, cet accomplissement étant l’œuvre de sa liberté.
De cette manière, il devient clair qu’il n’y a qu’une seule vocation de la personne : la vocation au don d’elle-même, que ce don s’exprime dans des épousailles humaines ou que ce don s’accomplisse dans le don de soi-même à Dieu qui est une forme d’épousailles : le don de soi à une autre personne est ainsi possible dans le mariage ou dans la consécration à Dieu qui est également un acte d’amour sponsal.
Si, donc, l’accomplissement parfait de la personne dans l’amour se fait dans l’amour sponsal, la personne n’est pas pleinement accomplie tant qu’elle n’est pas donnée à une autre personne. C’est très clair. Et d’ailleurs c’est bien ce que signifie le don de la personne dans le mariage. C’est la troisième formule sacramentelle du mariage dans le nouveau rituel, la formule qui est la plus riche et la plus complète : « Je te reçois pour époux – pour épouse – et je me donne à toi, pour t’aimer fidèlement dans le bonheur, comme dans les épreuves, la santé comme la maladie tout au long de notre vie. ». C’est la seule formule où le don de soi est explicitement mentionné, même s’il est sous-entendu dans les autres formules
L’amour sponsal diffère de tous les autres aspects et formes de l’amour que nous venons d’analyser. Il consiste dans le don de la personne. Son essence est le don de soi-même, de son propre « moi ».
« Se donner » c’est plus que « vouloir du bien », même dans le cas où, grâce à cette volonté, un autre « moi » devient en quelque sorte le mien propre, comme cela a lieu dans l’amitié. Autrement dit, l’amour sponsal est la forme la plus achevée de l’amour : l’amour achevé, c’est l’amour dans lequel on se donne à une autre personne.
Jean-Paul II est très net là-dessus. Il l’affirmera dans son exhortation apostolique « Familiaris consortio » : il n’y a que deux formes de vocation chrétienne, la donation de soi dans le mariage et la donation de soi à Dieu dans la virginité.
Le don, dit Jean-Paul II, révèle pour ainsi dire une caractéristique particulière de l’existence personnelle ou, mieux, de l’essence même de la personne. Quand Dieu dit dans le Genèse : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » [Gn 2,18] il affirme que « seul », l’homme ne réalise pas entièrement cette essence. Il n’existe qu’en existant « avec quelqu‘un » – et encore plus profondément, plus complètement, en existant « pour quelqu’un ».
Le corps humain, avec son sexe, dit encore Jean-Paul II, (…) comprend dès « l’origine » l’attribut sponsal, c’est-à-dire la faculté d’exprimer l’amour : précisément cet amour dans lequel l’homme-personne devient don et – par le don – réalise le sens même de son « être » et de son « exister ».
Dans la vision béatifique
Le don réciproque de soi-même à Dieu - un don dans lequel l’homme concentrera et exprimera toutes les énergies de sa propre subjectivité personnelle et en même temps psychosomatique - sera la réponse au don que Dieu a fait de lui-même à l’homme. Dans ce don réciproque de soi fait par l’homme, don qui deviendra fondamentalement et définitivement béatifique, comme digne réponse d’un sujet personnel au don de soi de la part de Dieu, la virginité ou plutôt l’état virginal du corps se manifestera pleinement comme complément eschatologique de la signification conjugale du corps, comme signe spécifique et expression authentique de toute la subjectivité personnelle.
Ainsi donc, cette situation eschatologique dans laquelle ils ne prendront ni femme ni mari se fonde solidement sur l’état futur du sujet personnel quand, suite à la vision de Dieu face à face, naîtra en lui un amour d’une telle profondeur et d’une telle force de concentration sur Dieu lui-même qu’il absorbera complètement toute sa subjectivité psychosomatique.
COMMENT DIEU, LUI, SE DONNE-T-IL ?
Dieu se donne en envoyant son Fils et il se donne par le don de l’Esprit-Saint.
Dieu se donne à nous, nous faisant participer à son Amour et en nous créant par Amour.
Dieu se donne à chaque Messe dans l’Eucharistie.
Karl Rahner
« Dieu se comporte vis à vis de nous de façon trinitaire, et ce comportement, loin d’être une simple image ou une simple analogie de ce qu’est la vie intime de la Trinité est cette vie trinitaire elle-même sans que cela altère en rien le caractère libre et gracieux d’une telle communication. Ce qui est communiqué est précisément le Dieu personnel et trine, et c’est ainsi que la communication de Dieu à sa créature (communication qui résulte de Dieu dans l’ordre de la grâce) si elle a lieu ne peut revêtir d’autres formes que celle prise au sein de Dieu, celle d’une double communication de l’essence divine faite par le Père au Fils et à l’Esprit-Saint. » (Karl Rahner)
Le Dieu unique se communique donc sous une double forme : l’expression absolue de lui-même et le don absolu de l’amour.
Si Dieu veut se communiquer, cela « suppose » un sujet capable de le recevoir, un être de caractère spirituel et personnel, que seul un être de cette nature puisse avoir la « puissance obédentielle » nécessaire à la réception de la communication de Dieu. Cet être, c’est l’être humain.
Pour Rahner, la communication a une origine et un avenir qui crée une tension ouverte entre deux éléments de la communication divine. Dans cette tension se place la liberté qui implique une histoire authentique.
Cette communication s’inscrit dans une histoire et vise une transcendance. En cela la communication atteint l’homme dans sa totalité indivise. La transcendance a une histoire et c’est dans l’unité différentiée de l’histoire et de la transcendance qu’il faut chercher la source de l’orientation congénitale de notre être qui se tourne vers Dieu.
Mais Dieu se communique aussi à travers offre et acceptation : Dieu se donne d’une manière qui permet d’accepter librement le don qu’il fait de lui-même.
Enfin il se communique à travers connaissance et amour. La communication de Dieu a pour destinataire l’homme tout entier comme tel. Ce n’est pas un amour qui ne fait que tendre vers la personne, mais qui trouve son épanouissement dans la bonté achevée de celle-ci et dans l’éclat qu’elle rayonne... Dès lors si Dieu se donne lui-même à l’homme il ne peut le faire qu’à travers la communication de la vérité absolue et donc de l’amour absolu envers l’homme.
Et Dieu nous offre le don de lui-même sous la forme d’une vérité fidèle qui se propose et cette fidélité constitue l’histoire.